Galerie Michel Vokaer, Bruxelles, 2007
Introduction à l’exposition
Des toiles puissantes dans leur verticalité, une présence à la fois étrange et familière, l’arbre comme hôte amical et indéchiffrable: c’était, en 2005, l’exposition «Le sentiment de la forêt». Aujourd’hui, Marie Desbarax s’avance, sortie du tronc, des lignes, de la structure altière, au risque, selon ses propres mots, de l’explosion, de la danse. «Etre dans la plante», dit-elle. Fleurs de l’enfance, mémoire d’un jardin de grand-mère que réactive chaque plante sauvage rencontrée par la femme qui, aujourd’hui, se promène et regarde. Expressionnistes, lyriques, à la limite de l’abstraction, ses ronces, digitales, chèvrefeuilles, reines des prés, aubépines, coquelicots, baies de sorbier témoignent d’une volonté d’introspection que l’ombre, toujours présente, confirme. Comme si l’énergie du geste et de la couleur, qui constitue l’épine dorsale de l’œuvre, était en permanence sous-tendue par une basse continue qui n’est ni nostalgique ni tragique: c’est la musique même du travail quotidien, trouée par endroits d’une larme de jaune, d’un rouge plus vif qu’un cri. Les fleurs sont belles et leur perfection, pour l’artiste, est un piège. Dans ce piège, chaque matin, elle se place, grande devant ses grandes toiles, la nuque légèrement ployée, pour accueillir la vulnérabilité du monde et la question qui nous hante: que cache, que nourrit, que dévoile la beauté ?Caroline Lamarche